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Entrevue avec Matthieu Faivre

Gérant de BMX Lab
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A propos de cette entrevue

Le mois de septembre nous replonge un peu dans mes vacances car le shooting a eu lieu à Aix-en-Provence où habite mon ami Matthieu qui accepté mon invitation!

Matthieu est gérant d’un magasin de BMX qu’il a ouvert il y a 5 ans. Il était mécanicien auparavant et a changé de voie pour vivre de sa passion.

Il est aussi l’amoureux de ma meilleure amie.

L’occasion pour moi de présenter la famille du cœur. Mes garçons ont été heureux de m’accompagner pendant cette séance photo car ils ont pu tester les BMX et voir Matthieu rouler dans la si jolie rue de son magasin.

Belle lecture.

Portraits réalisés le 29 juillet 2021.

Pourrais-tu te présenter ? Quel métier exerces-tu ?

Salut, moi c’est Matthieu, 37 ans, gérant d’un magasin de BMX (artisan/commerçant ça marche aussi). Ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très bavard, alors même si en temps normal je n’en aurais pas dit beaucoup plus, je me prête volontiers à l’exercice 😉

Peux-tu nous présenter ton parcours professionnel ?

Après une 1ère STI, j’ai fait un BAC pro et un BTS en mécanique auto en alternance. J’ai ensuite enseigné la mécanique dans une MFR pendant 2 ans. Enseigner, c’est une vocation. Pas la mienne. J’ai donc ensuite travaillé 8 ans dans la mécanique TP (mécanicien, technicien d’atelier puis chef d’équipe et un peu chef d’atelier). Lassé du fonctionnement des grosses entreprises, et parce qu’à l’époque c’était difficile de trouver des pièces pour son bike, j’ai ouvert le magasin il y a 5 ans maintenant (2016).

J’aime rencontrer les gens qui partagent cette passion, ou aider à découvrir ceux qui commencent.


Que préfères-tu le plus dans ton métier ?

C’est que c’est moii le patrooon haha 😉 ! Plus sérieusement, je suis dans une niche, un milieu de passionnés, ce qui me régale le plus est de monter des bikes à la carte. Quand on fait du sur-mesure, on s’accorde un luxe : celui de prendre le temps (même si on ne l’a pas vraiment) pour discuter, conseiller, pour au final assembler une machine à sensation à la fois minimaliste (pas de fourche ou de dérailleur, etc.) et à la fois extrêmement technique et parfaitement adaptée au rider.

J’aime rencontrer les gens qui partagent cette passion, ou aider à découvrir ceux qui commencent. L’idée est d’apporter un vrai service, mes clients savent qu’ils peuvent venir me voir en cas problème. D’ailleurs, la relation vendeur/client est souvent dépassée, car, de manière réciproque, certains me suivent depuis le début. Ils ont acheté leur 1er BMX pour leur fils/fille lorsque j’ouvrais le shop, maintenant on continue de travailler ensemble, et je suis avec eux l’évolution, les progrès de leurs enfants sur les courses, les nouvelles figures, etc. C’est une relation sur le long terme.

Quels sont tes projets en cours ?

Continuer à faire évoluer le shop. J’ai un apprenti depuis début septembre, le but est de s’agrandir jusqu’à trouver un équilibre : un magasin qui fonctionne bien tout en restant à taille humaine. Pas mal de projets aussi pour organiser des événements. C’est ce qui nous rassemble et fait vivre la scène locale. J’aimerai également être plus présent sur les courses de BMX race, mais pour ça il faut juste que je trouve comment faire entrer 72h en 1 journée, 14 jours en 1 semaine..

As-tu toujours voulu faire ce métier ?

Au vu de mon parcours je dirai non (je ne savais pas que c’était possible avant de le faire). Il existe peu de magasin vraiment spécialisés BMX en France (moins de 20) donc si à l’époque j’avais dit ça à mon conseiller d’orientation, il m’aurait sûrement dit de choisir un vrai métier.. ce qu’il a fait. Encore maintenant je ne sais pas quel métier je ferai quand je serai grand ;). Depuis très jeune j’ai toujours eu les mains dans la mécanique, d’abord 2 roues, motorisées ou non puis 4 roues. On démonte, on regarde quelle pièce sert à quoi, comment la réparer ou l’optimiser, on remonte, on essaie, bien mais peut mieux faire, alors on rentre au stand et on améliore.. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait du BMX (à l’époque, on creusait des bosses dans le jardin et fabriquait des rampes avec mon frère), du vélo trial, de la moto (trial, cross, supermotad, route). Donc, sans le savoir, tout ce que j’ai fais jusque là m’a peut-être inconsciemment amené à faire ce métier.

Quelles sont tes passions ?

Le BMX bien sûr, plus largement tout ce qui provoque des sensations : surtout quand ça a des roues, 2 ou 4. La mécanique, car j’ai toujours eu envie/besoin de savoir comment les choses fonctionnent. Le ski, le saut en parachute mais ça on n’en fait pas tout les jours. J’aime aussi beaucoup la plongée, la mer.

Quels sont les livres qui t’ont le plus marqué ?

Houla.. tellement.. des classiques comme 1984 ou Le meilleurs des monde , mais surtout des auteurs/autrices Pratchett et Hobb pour la fantasy, Damasio , mais aussi du polar avec Chattam, Thilliez…

Peux-tu me donner des noms de personnes qui t’inspirent ? Et pourquoi ?

Des gens comme Sylvain Tesson, Agostini, Dupontel.. Des musiciens aussi (notamment des étoiles filantes comme certain·e·s du club des 27). Un certain nombre de riders aussi (Mira, Hoffman, Enarson, Dandois.. il y en a tellement), moins connus du grand publics, mais des gens qui s’affranchissent de toutes limites et vont au bout de leurs conneries.. Qu’on regarde ensuite comme des exploits. (Il y a aussi beaucoup de personnes du quotidien qui m’inspirent, que personne ne connaît mais qui font des choses extraordinaires).

Dans quel lieu aimes-tu travailler (bureau, café, etc.) ? Et quel type d’organisation adoptes-tu ?

Actuellement, je travaille dans le magasin sur l’ordi, à l’atelier, et je me déplace sur les entraînements/courses/événements. Je n’ai pas trop de routine et c’est ce que j’aime. Ce qui manque c’est le temps, ou le don d’ubiquité pour pouvoir être partout tout le temps. Pas d’organisation particulière, je m’adapte en permanence, et tant qu’il y a du son, on peut bosser (Rock, Metal, Rap US, parfois un peu de chanson française ou pop radio).

Quel regard portes-tu sur ton parcours ?

A mon image : en perpétuel mouvement, toujours en train de s’adapter, de se réinventer. On passe la majeure partie de notre vie au travail, alors il faut qu’il soit épanouissant, enrichissant. C’est pour cela que j’ai fait plusieurs métiers/études.. je cherche de manière empirique là où je me sens le mieux. Jamais complètement satisfait de mon travail, je cherche toujours à améliorer ce que je peux. Dans les entreprises précédentes, je n’ai pas toujours eu cette possibilité, j’ai donc changé radicalement. Maintenant à mon compte, la seule limite c’est moi (et un peu mon banquier aussi, quel relou celui là ! 😉 ).

Quel est ton rapport avec les réseaux sociaux ?

Je n’aime pas ça. Je les utilisais très peu avant. Encore maintenant d’un point de vue perso je suis quasi inexistant sur les réseaux. Je m’y suis mis pour le magasin car il faut bien communiquer avec le monde extérieur. Et cela prend beaucoup de temps. Je ne suis pas fan de Mazué (ben) mais sa formulation est juste : “faut que je poste un beau contenu, mais vu le temps que je passe dessus, beaucoup trop peu pour que ce soit beau”.

A quel âge as-tu commencé le BMX ?

Depuis que je suis en age de rouler sur un vélo. A l’époque, c’était du “bicross” et on faisait tout avec le même vélo.

Le conseil que tu donnerais à une personne qui souhaiterait devenir artisan/commerçant/gérant d’un shop de BMX ?

Surtout pas ! Pas besoin de concurrence en plus haha ! Comme je l’ai dit avant, le BMX est un très petit milieu, c’est donc encore plus difficile que de monter une entreprise lambda (magasin de vélo, restaurant, …). Sinon pour celles et ceux qui veulent se lancer, quelque soit l’aventure : Fais-le, t’en es capable. Donne toi à fond et si ça ne marche pas, au pire tu feras autre chose.. Mais tu auras essayé. Il faut être vraiment passionné et accepter qu’au début on n’aura pas de salaire. Ça c’est le côté fun, il faut être réaliste et voir aussi l’autre côté : monter sa boite c’est génial et épanouissant, mais chronophage (il faut être prêt à y passer sa vie, soir et week-end) : avoir du temps pour mes proches, c’est ce qui me manque aujourd’hui.

Comment as-tu rencontré les riders avec qui tu travailles ?

Sur les événements, au shop ou sur les réseaux sociaux. C’est une petite communauté alors ça se fait beaucoup avec le bouche-à-oreille.

Tu organises aussi des évènements. Comment te prépares-tu ?

Pour la Race (les courses et entraînements), ce sont les clubs qui organisent. Je viens juste faire le stand. J’ai organisé le magasin en ce sens : tout est sur des supports mobiles que je peux facilement charger dans le camion. Pour le freestyle, jusque-là j’ai fait des jams, c’est à dire lancer un rendez-vous, et viens qui veut, roule ou pas. C’est assez libre et c’est l’esprit. (juste un peu de repérage avant pour savoir où on roule). Depuis septembre, François-Remi travaille avec moi, il peut s’occuper de ça, pour faire les choses de manière plus pro, plus structurées et plus officielles.

Est-ce que tu prends le temps de rouler juste pour toi en dehors du travail ?

Très peu malheureusement. Je roulais plus avant d’avoir le shop. J’avais plus de temps. Le fait d’être son propre patron m’oblige à être là tout le temps, pour que le shop soit ouvert. Je ne peux pas me permettre de me casser une jambe ou de m’exploser tous les week end, alors je prends aussi moins de risque quand je roule.


Est-ce que tu as une boutique en ligne ?

Oui, depuis le début d’année. Aujourd’hui bon nombre d’entrepreneur font la démarche suivante : d’abord vendre en ligne, et si ça marche, pourquoi pas un magasin physique. Cette démarche est sensée et raisonnable d’un point de vue financier, j’ai donc fait l’extrême inverse. J’ai d’abord ouvert le shop sans vente en ligne, car envoyer des cartons ne m’intéresse pas (même si je le fais maintenant, on peut difficilement faire sans aujourd’hui) : c’est la relation humaine que je cherche à privilégier.

Comment choisis-tu la marchandise qui est à ton magasin ?

Il y a une partie facile, les marques et produits que les riders connaissent bien, qui sont des valeurs sûres. C’est plus aventureux sur les nouveautés, alors on prend un peu pour voir si ça fonctionne ou non. Mes fournisseurs (qui sont aussi des passionnés) acceptent de me laisser faire des petites ou grosses commandes, ce qui me permet d’adapter le stock en permanence. C’est un peu moins vrai cette année, pas de leur fait mais parce qu’il y a des retards dans les approvisionnements dûs au COVID.


De quoi rêves-tu pour la suite ?

(J’ai l’impression que nous avons perdu toute échelle de valeur pour les biens, les services et le travail en général. Un même produit fabriqué et transporté depuis l’autre bout de la planète sera beaucoup moins cher que fabriqué sur place. Son prix peut varier selon le diktat de la bourse, pourtant le travail de celui qui l’a fabriqué reste le même. Quel est donc sa valeur réelle ? Certaines actions ne sont pas considérées comme un travail car « ça ne rapporte rien ». Nettoyer une plage me semble pourtant plus bénéfique que de mettre du béton partout.) Ce dont je rêve donc ? Plus largement, sans même parler du magasin, trouver un modèle économique qui ne soit pas une course à l’argent, et non destructeur pour la planète.

Mot de la fin

Merci encore à Matthieu d’avoir accepté de participer à mon projet. Passez faire un petit tour dans son shop BMX à Aix-en-Provence et laissez-le partager sa passion avec vous !

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