A propos de cette entrevue
Avec le quatrième portrait de mon projet “Entrevues & Portraits”, je vous emmène aux Jardins des Potes en Ciel. Le lieu est calme et paisible.
Depuis chez elle, Tess est à la fois illustratrice et permacultrice. Florian, son mari, est venu faire quelques photos car pour l’activité de permaculture, c’est bien à deux qu’ils gèrent la terre.
J’avais très à cœur de vous montrer leur mode de vie et ce qu’ils font pour la planète !
Portraits réalisés le 6 mars 2021.


Pourrais-tu te présenter ? Quel métier exerces-tu ?
Voici ma présentation écrite par un ami. Elle est tellement plus subtile et juste que si c’était moi qui l’écrivait:
Tess est une lutine du Doubs spécialisée dans l’expression de l’imaginaire féerique, installée en pleine nature avec deux licornes. Dessinatrice depuis qu’elle est en âge de tenir un crayon, elle donne corps à un univers doux et sensible peuplé de créatures fantastiques, capable de redonner des couleurs à n’importe quel quotidien trop gris. Elle aide également son compagnon, grand poète de jardin et maître des plantes potagères, à prendre soin des cultures verdoyantes qui ceinturent leur havre de vie. Ne trouvez-vous pas qu’il est merveilleux de faire pousser la vie et de fleurir la terre, en même temps que d’habiller des livres des couleurs de la Féerie ? C’est pour cette raison que les familles de fées qui l’inspirent dans son travail la décrivent aussi familière des feuilles de la nature que des feuilles de papier !
Un infini merci à Souryami
Peux-tu nous présenter ton parcours professionnel ?
Je dessine depuis toute petite ! Mes parents m’ont dit que j’avais gagné un concours de dessin quand j’étais en primaire, mais je ne m’en souviens plus. En sortant du Bac L, j’ai fait une formation de bande dessinée à L’Iconograf à Strasbourg, j’ai arrêté au milieu afin d’avancer chez moi à définir mon style de dessin. J’ai alors fait des stages avec des professionnels dans le dessin pour apprendre des techniques (chez Sandrine Gestin par exemple). Ensuite j’ai fait beaucoup d’expositions extérieures en Alsace, ce qui m’a permis de rencontrer du monde et d’avoir mes premières commandes.


Que préfères-tu le plus dans ton métier ?
La pluri-activité ! J’organise mon temps comme je l’entends. Il pleut, je plante des légumes sous la serre ou je dessine au chaud. Il fait grand soleil, j’arrose ou je m’installe au frais sous un arbre pour faire de l’aquarelle… Et j’aime la transmission, que ce soit pour jardiner ou dessiner.
Quels sont les livres qui t’ont le plus marqué ?
J’ai beaucoup aimé un temps les livres de Bernard Simonay, en particulier la trilogie « Phénix ». Un peu trop violent sur les sujets de la déchéance humaine pour que je l’apprécie encore aujourd’hui.
Je viens de finir un livre qui je pense va me donner du mal à me satisfaire d’un prochain livre tellement il m’a nourrie ! C’est « Le retour à l’unité » de Michael Roads. Un homme initié qui va à la rencontre et au vécu de l’unité, à travers la nature, les animaux et des êtres cosmiques.
Quels sont tes projets en cours ?
J’ai un projet qui a émergé il y a 7 ans et que je vais sûrement commencer à mettre en œuvre prochainement. L’histoire de Pâquerette et Pissenlit, une fée et un lutin qui partent à la découverte du monde et des humains. Ils auront notamment des aventures dans le potager d’un jardinier habitant proche de leur forêt. Destiné plutôt aux enfants pour découvrir la nature.

As-tu toujours voulu faire ce métier ?
Non, j’étais sûre de moi. Je voulais faire mon métier dans les chevaux ! Je suis cavalière depuis que j’ai 3 ans.
Les chevaux sont pour moi des êtres magiques qui m’ont aidée depuis toujours à être émotionnellement stable. Quand je ne suis pas en contact avec des chevaux pendant quelques semaines, je commence à déprimer… ils font vraiment partie de mon équilibre, et merci à eux pour cela.
Quelles sont tes passions ?
Je pense que vous l’aurez compris : les chevaux et le dessin ! La Nature en générale, elle est tellement riche et magnifique.


Peux-tu me donner des noms de personnes qui t’inspirent ? Et pourquoi ?
Je pense en premier à des personnes proches de moi : Ma Mère, pour son courage, sa beauté et sa noblesse de cœur. Mon Mari m’inspire tous les jours par son intelligence, son humour et sa joie d’être vivant !
Ensuite, je pense à plein de visages et de couleurs, en fait, chaque personne que je rencontre m’inspire par ses qualités et par ses particularités.
Si je devais donner un nom d’une personne dans l’illustration ce serait John Howe, le dessinateur du seigneur des anneaux. Ses ambiances et ses paysages sont somptueux et imprégnés de lumière. J’aimerais bien faire un stage avec lui ! Surtout qu’il n’habite pas très loin de chez moi.
Dans quel lieu aimes-tu travailler (bureau, café, etc.) ? Et quel type d’organisation adoptes-tu ?
Dans mon bureau, où je vois depuis ma fenêtre mes chevaux qui broutent. Ou dehors sous le tilleul devant la maison quand la météo le permet. Sinon, je peux dessiner partout, c’est hyper pratique lors des marchés, je ne m’ennuie jamais et ne perds pas de temps.
Je suis plutôt désorganisée, même si j’aime quand c’est rangé ! Je vais au plus vite et au plus simple à court terme, donc je ne prends pas le temps de concevoir un meuble sur-mesure pour ranger les feuilles et les cadres, ce qui serait tout de même très pratique !

Tu as récemment sorti un livre, peux-tu nous parler de cette aventure ?
Cheval merveilleux Cheval est sorti cet hiver. Ce projet est né d’une très belle rencontre lors d’un festival du Féerique avec Souryami. Tous deux émerveillés par cet être qu’est le cheval, lui écrivain, et moi dessinatrice, nous avons coopéré pour créer ce magnifique livre illustré. Cela a duré deux ans de création entre les dessins, les textes, la mise en page… Les textes précédaient les dessins ou parfois l’inverse. Cela dépendait de notre inspiration créatrice du moment. Comme une danse magique !
Il y a tellement de chevaux dans le livre, que c’était un réel jeu pour moi de choisir les robes des chevaux! J’ai essayé d’en faire pour tous les goûts et tous les styles.
Ce livre est l’association de mes deux passions réunies, les retours que nous avons le décrivent comme un petit bijou de beauté et de magie. C’est un petit rayon de lumière pour les passionnés de chevaux à tous les âges!

Quel regard portes-tu sur ton parcours ?
Si c’était à refaire, je ferais pareil. Je pense que les expériences du quotidien sont bien plus importantes qu’un parcours professionnel parfait ! J’ai vécu tout ce que j’avais à vivre pour en arriver là aujourd’hui

Avec Florian, ton mari, vous donnez des cours de permaculture. Comment les cours se déroulent-ils ?
La transmission s’organise en 4 dimanches du mois d’avril à août dans nos jardins. Les personnes inscrites visitent le jardin au fil des saisons, chaque jour s’équilibre entre théorie et ateliers pratiques. Semis, récolte de graines, observation du sol, préparation de planches à jardiner, l’idée est d’avoir quelques clés pour débuter un jardin et y développer une abondance de vie et de nourriture autant pour les humains que pour le reste du vivant! C’est aussi et surtout une aventure humaine de partage dans la bonne humeur et la joie. Des moments hors du temps!
Le conseil que tu donnerais à une personne qui souhaiterait devenir permaculteur ?
La permaculture n’est pas un métier, c’est une philosophie de vie. Je ne prétends pas pouvoir donner un conseil à qui que ce soit. Cela dépend tellement de la personne. Par contre, je lui exprimerais et montrerais volontiers comment nous fonctionnons, notre vision de la permaculture et comment elle est appliquée dans notre système. Lui partager notre parcours et notre vécu, mais ce sera à lui de faire son chemin. Le mieux est d’expérimenter en vrai dans la matière. Dans l’esprit, tout paraît facile et beau, c’est bien le cas, mais pas comme je le pensais au début. Avant de se lancer dans un projet, surtout si la personne veut faire un métier en coopération avec la Terre, je pense que faire quelques saisons dans des fermes sera enrichissant et révélateur.
Par contre, un conseil que je peux donner à tout le monde, planter des arbres ! De préférence une forêt comestible.

Vous vendez vos légumes chez vous. Peux-tu donner des informations à ce sujet pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?
En début de semaine, nous envoyons un mail avec la liste des légumes disponibles, les clients font leurs paniers en choisissent quels légumes et quelles quantités ils veulent. Nous récoltons le jeudi et faisons deux dépôts de panier, à Huanne-Montmartin le jeudi soir et le vendredi chez nous. À la fin du mois les clients reçoivent leur facture. Ce système nous permet de ne pas avoir de pertes car tout ce que nous récoltons est commandé, et les clients ont tout de même le choix de confectionner leurs paniers.


Au fil de l’année, comment s’organise votre planning de plantations ? Et que voudriez-vous développer en plus dans le futur ?
Il débute par les semis de nos plants en février, c’est moi qui gère ce pôle là. C’est un vrai bonheur de semer des petites graines et de les voir pousser! C’est méditatif. Je me réfère au planning de l’année d’avant et améliore en fonction de ce qui a bien fonctionné ou non. Les variétés, c’est la même chose, on reprend celles qui nous conviennent et nous en testons d’autres chaque année. Les plus grandes plantations sont d’avril à juin, c’est le coup de bourre de l’année!
Dans le futur, nous voulons déjà êtres plus efficaces sur la surface que nous avons, l’idée n’est pas d’agrandir ou de s’expandre mais d’enrichir ce qui est en place. Les fruitiers et les petits fruits donneront de plus en plus chaque année.
J’aimerais un jour aider les gens à travers la relation avec le cheval. Je ne suis pas pressée. Cela viendra au bon moment. Pour cela, il faudra créer une carrière pour évoluer avec les chevaux, le projet est en cours de réflexion et bientôt dans la matière.
Où peut-on aussi retrouver vos produits ?
Nos légumes ont été cuisinés l’année dernière au Château de Bournel et au Château d’As. Les restaurants ont une clientèle différente, les cuistos sont très sensibles à la qualité du goût et la beauté du végétal. C’est plaisant de partager avec eux, de voir les légumes mis en valeur par leurs soins, et de les déguster bien-sûr! Cette année, je ne sais pas encore comment cela va se passer au vu de leur fermeture obligatoire…


Qu’est-ce qui te plaît le plus dans votre mode de vie ?
Tout !
Ce mode de vie est un choix conscient, quand je vois cette crise et cette hypocrisie, je me dis que j’ai de la chance de vivre loin de ça. Mais la chance cela s’attire ! J’ai fait des choix pour vivre cela.
Il me correspond totalement, c’est tellement enrichissant de vivre la Nature, car l’humain en fait partie et n’est pas séparé. Je me sens en plein pouvoir de ma vie quand je peux me nourrir en me baladant dans les jardins ou dans la forêt, me guérir en récoltant les plantes sauvages, les créations de la ruche qui sont si bénéfiques ! Je me sens libre en fait ! En harmonie avec le vivant qui me donne le centuple de ce que je lui dévoue.
Un des plaisirs les plus puissants pour moi est de connaître toutes les personnes qui ont contribué au repas qu’il y a sur la table. En dégustant chaque bouchée, je pense à la personne, à son lieu, à sa belle énergie. Et c’est autant nourrissant que la matière que je mâche.

Où peut-on te retrouver sur le net ? (site, agence, insta etc..)
Mon site tess-illustration.com, ma page facebook @TessIllustration
De quoi rêves-tu pour la suite ?
Mon rêve est déjà ma réalité, donc je peux souhaiter aux autres de vivre les leurs ! « Suivez vos rêves, ils vous montreront le chemin »

Mot de la fin
Merci encore à Tess d’avoir accepté de participer à mon projet. Rendez-vous immédiatement sur son site pour y admirer ses œuvres 😉
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